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dimanche 18 mars 2012

Dimanche poétique # 107

Voici un texte que je viens de découvrir...

Les rainettes, le soir


I


Rauques étaient les voix
Des rainettes le soir,
Là où l'eau du bassin, coulant sans bruit,
Brillait dans l'herbe.

Et rouge était le ciel
Dans les verres vides,
Tout un fleuve la lune
Sur la table terrestre.

Prenaient ou non nos mains,
La même abondance.
Ouverts ou clos nos yeux,
La même lumière.


II

Ils s'attardaient, le soir,
Sur la terrasse
D'où partaient les chemins, de sable clair,
Du ciel sans nombre.

Et si nue devant eux
Etait l'étoile,
Si proche était ce sein
Du besoin des lèvres

Qu'ils se persuadaient
Que mourir est simple,
Branche écartée pour l'or
De la figue mûre.

Yves Bonnefoy