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dimanche 14 février 2010

Dimanche poétique # 19

Je ne suis pas une adepte de la Saint-Valentin : si on aime, c'est tous les jours, pas uniquement le 14 février.

Mais je ne vais pas faire ma chipoteuse, je partage avec vous un texte de circonstance.


Mon rêve familier


Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même,
Ni tout à fait une autre, qui m'aime et me comprend.

Car elle me comprend et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et pour sa voix, lointaine, si calme et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.


Paul Verlaine, Poèmes saturniens

8 commentaires:

Mangolila a dit…

Avec un si beau poème, le circonstanciel devient éternel! :)

M. Littér'auteurs a dit…

Tu as raison, l'amour, quand il est partagé, c'est tous les jours, toutes les heures...
Mais encore faut-il qu'il soit partagé !

bookworm a dit…

Mango : Ce poème je l'a aimé à la première lecture il y a... 10 ans.

TINUSIA : De mon côté je n'ai pas à me plaindre.

celsmoon a dit…

Oui on peut fêter l'amour sans fêter la st valentin :)

bookworm a dit…

celsmoon : oh oui !

Katell a dit…

Huummmm, je ne m'en lasse pas!

bookworm a dit…

Katell : moi non plus

Edelwe a dit…

J'adore ce poète!